Michel Mazzoni

La photographie peut parfois s'oublier au profit de l'image. Peu importe le médium lorsque l'imagination bégaie et rend un peu les armes, ne sait plus à quel miroir se vouer. Michel Mazzoni cultive cet idéal affranchi des repères consacrés, des rapports d'échelles et des lectures balisées. Le travail sur la composition et la lumière déborde la question du paysage, dont la présence factuelle fini toujours par se dissoudre en son revers contemplatif.
Imprimée sur une affiche collée à même la vitre, une perspective sur une béance. La crudité des carrelages et des néons, l'ébauche d'un parcours en apnée et sans fin. Espace machine-outil, comme il en existe partout, géographie moderne dont la typicalité se conjugue nécessairement à l'urgence : le tracé est aussi inouï que connu : suivre le tunnel en aveugle et toujours être en mouvement.
Mais l'image et son installation valent mieux que ce quotidien aliénant. Michel Mazzoni ne le prolonge ni ne l'illustre : il sature plutôt ses caractéristiques à la limite de l'abstraction. Dense et minimaliste, la composition transcende de loin son sujet, l'associe à l'espace environnant qui se voit ici comblé d'une nouvelle perspective ; une trouée abyssale dont les lueurs seraient seules guides. Un chemin qui enfin ferait signe, fût-il fragile et sombre, énigmatique et dérobé.